18 mois ferme pour Yacouba Traoré, 15 mois ferme pour Dooum’s

Communiqué du 15 mars 2017 du comité La Vérité pour Adama

Cet après midi, Yacouba Traoré et son ami “Dooum’s” comparaissaient pour “violences en réunion”. Yacouba s’est rendu de lui même à la gendarmerie de Pontoise lundi et a été placé en garde à vue. Il écope aujourd’hui d’une peine de 18 mois ferme et deux ans d’interdictions de Beaumont.
Dooum’s a pour sa part écopé d’une peine de 15 mois ferme, alors qu’il suivait une formation de brancardier sur Paris. C’est son avenir qu’on a aujourd’hui tenté de ruiner. Nous sommes évidemment solidaires à sa famille.

Pour rappel des faits :
Adama a été accusé de faits grave à l’endroit de son co-détenu au cours de l’hiver 2015 lors de sa dernière détention. Ces accusations ne sont pas avérées, cette affaire avait été classée sans suite à l’époque. Le plaignant n’était pas crédible aux yeux des autorités. Il avait déjà eu recours à ses accusations sur d’autres détenus afin de changer de bâtiment. Mais c’est là une grave diffamation.

Cet après midi, Yacouba a reconnu devant la juge certains faits, mais sans avoir prémédité son acte. Il a reconnu lui avoir frappé d’un coup de poing cet homme alors qu’il avait croisé son chemin en se rendant l’anniversaire de son frère Youssouf. Nous nous rendons compte de la violence de son acte.
Nous tenons tout de même à rappeler le contexte atroce de ces derniers mois dans lequel vit Yacouba. Son acte vient du deuil qu’il doit porter, de l’épreuve de l’incarcération injuste de son frère Bagui et des horribles accusations qui pèsent à titre posthume sur son frère Adama.

C’est encore la mémoire d’Adama que l’on a désiré entacher. Certes, la famille Traore assume les erreurs commises mais plus que tout autre chose, elle demande Justice et continue le combat pour la Vérité. Nous demandons dans cette lutte que la mémoire de notre frère fils Adama soit respecté. Son honneur a été sali afin de discréditer notre combat. Adama est devenue le symbole de lutte contre les violences policières et l’on porte de graves accusations sur un homme mort dans une gendarmerie. Mais si Yacouba a agit dans l’impulsivité, le caractère prémédité de son acte n’a pas été retenue.
Il nous apparait par ailleurs indispensable de soulever que la peine a été déclarée par la même juge qui a en décembre dernier condamné Bagui et Youssouf, alors qu’aucune preuve n’a été révélées lors du procès et que les mensonges des policiers ont été démontrés. La peine d’une extreme sévérité est à notre sens injuste et partiale compte tenu du passif de notre combat dans ce tribunal. C’est la même juge qui suit toutes les affaires de notre famille au cours des derniers fois. Nous soulevons alors la question du conflit d’intérêt.

S’il nous apparaît important de reconnaître les faits, il nous est d’autant plus honnête d’expliquer son acte par la situation désastreuse dans laquelle il vit depuis 8 mois. Il nous est important aussi de dénoncer les arrestations spectaculaires et disproportionnées de Youssouf et Cheikne lundi 13 mars au matin.

Lundi matin, Youssouf et Cheikne ont été interpellés et placés en garde à vue dès 6h du matin.

Cheikne a été arrêté alors qu’il prenait le bus pour se rendre au travail. Plusieurs voitures de gendarmes ont arrêté le bus, des gendarmes en civil étaient à bord. Ce n’était là qu’une mise en scène pour criminaliser notre frère. Il a était sortis du bus tel un criminel, une humiliation supplémentaire pour notre famille. Youssouf, déjà mis en cause sans aucune preuve l’hiver dernier, a été arrêté à son domicile, devant sa femme et sa fille, par une armada de gendarmes qui ont débarqué chez lui. Ces deux arrestations ont été traumatisantes pour nos frères, un lourd dispositif, inutile et disproportionné, a été déployé de part et d’autre de la ville pour leur interpellation. Plusieurs autres jeunes, les soutiens locaux de la famille, ont aussi été arrêtés par la gendarmerie. Il s’agit d’un moyen de priver la famille Traoré de son soutien local et de nous s’isoler. Ces pressions sont quotidiennes et doivent cesser.
Youssouf et Cheikne ont finis par être relâchés hier car aucune preuve n’avaient finalement motivé leur arrestation.

Plus grave encore, les gendarmes ont débarqué en nombre important chez la mère de Yacouba, également mère d’Adama, traumatisée par la perte de son fils depuis le 19 juillet. Elle a dû affronter la mort de son fils Adama dans les locaux de la gendarmerie, et elle s’est retrouvée réveillée brusquement par de nombreux gendarmes à son domicile, venus chercher son second fils. Le traumatisme est grave.
Nos différents domiciles familiaux ont d’ailleurs fait l’objet de violentes perquisitions.

Ces méthodes d’intimidation, de criminalisation tentent de noyer la famille et les proches, se retrouvant à devoir gérer les plus graves urgences, et ce depuis des semaines. Les traumatismes s’enchainent. Les scènes les plus violentes pour notre famille n’illustrent que l’acharnement auquel nous faisons face. Ces dernières arrestations et ces perquisitions ne sont que des représailles à notre lutte, à nos mobilisations et au combat que l’on mène pour la Vérité, la Justice et la Liberté depuis le 19 juillet.

On ne peut ignorer que les condamnations de Youssouf et Bagui le 14 décembre dernier se sont faites sur la base de faux témoignages et de preuves tronquées. On ne peut ignorer les différents mensonges qui ont servi à couvrir la mort de notre cher Adama. On ne peut pas ignorer non plus les victoires et les humiliations que nous avons fait subir aux institutions depuis 8 mois, pour la mémoire d’Adama.

C’est pourquoi, il apparait que ces dernières accusations et la peine aujourd’hui prononcée ne sont que dans la continuité de la criminalisation de notre famille, destinée à détruire notre cellule familiale ainsi que notre santé. Yacouba est le benjamin de notre fratrie, il n’est âgé que de 20 ans, et c’est la première fois qu’il est condamné à une peine de prison ferme. Nous rappelons que Bagui refuse encore de s’alimenter pour contester les conditions de sa détention et les nouvelles charges qui pèsent sur lui.

Aucune, absolument aucune charge ne nous fera reculer, ni abandonner notre combat. Nous arriverons à faire ressortir la vérité de tous ces évènements et nous saurons être plus efficaces que ces mêmes institutions qui ne cherchent qu’à nous faire fléchir.

Rien ne pourra nous faire reculer sur nos revendications : la mise en examen des gendarmes et la libération de Bagui.
Pas de Justice, pas de Paix
Vérité et Justice pour Adama

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