Hong Kong : des anarchistes dans la résistance au projet de loi sur l’extradition

Initialement publié par le site américain CrimethInc, le site Agitation autonome propose une traduction d’un article sur le poids des anarchistes dans la contestation à Hong Kong.

Depuis 1997, lorsqu’elle cessa d’être la dernière possession coloniale majeure de la Grande-Bretagne, Hong Kong a rejoint la République populaire de Chine, tout en conservant un système politique et légal distinct. En février, une loi impopulaire a été présentée permettant d’extrader des fugitifs vivant à Hong Kong vers des pays avec lesquels le gouvernement hongkongais n’avait pas d’accord extradition, notamment la Chine continentale. Le 9 juin, plus d’un million de personnes sont descendues dans la rue pour protester. Le 12 juin, les manifestants se sont engagés dans des confrontations avec la police. Le 16 juin, 2 millions de personnes ont participé à une des plus grandes manifestations de l’histoire de la ville. L’entretien suivant a été réalisé avec un collectif anarchiste de Hong Kong ; il explore le contexte des troubles actuels. Nos correspondants reviennent sur plus d’une décennie d’expérience des mouvements sociaux précédents pour tenter de comprendre les motivations à partir desquelles se développent les nouvelles formes d’organisation et de subjectivation susceptibles de définir cette nouvelle séquence de luttes.

Aux États-Unis, les luttes populaires les plus récentes se sont structurées autour de la résistance à Donald Trump et à l’extrême droite. En France, le mouvement Gilets jaune a fait descendre dans la rue des anarchistes, des gauchistes et des nationalistes d’extrême droite contre le gouvernement centriste de Macron. À Hong Kong, nous assistons à un mouvement social contre un État gouverné par une gauche autoritaire. Quels sont les défis auxquels les opposants au capitalisme et à l’État font face dans cette situation ? Comment pouvons-nous faire face aux nationalistes, aux néolibéraux et aux pacifistes qui cherchent à contrôler et à récupérer nos mouvements ?

Tandis que la Chine étend son influence, affrontant les États-Unis et l’Union européenne dans une quête pour l’hégémonie mondiale, il est important d’expérimenter des formes de résistance contre le modèle politique qu’elle incarne, en prenant garde à ce que les néolibéraux et les réactionnaires ne tirent pas profit de l’opposition populaire à la gauche autoritaire. Les anarchistes de Hong Kong sont particulièrement bien placés pour énoncer des commentaires à ce sujet.

La façade du quartier général de la police de Hong Kong à Wan Chai, couverte de jaunes d’œufs le 21 juin au soir. Des centaines de manifestants ont scellé l’entrée, exigeant la libération sans condition de toutes les personnes ayant été arrêtées pour avoir participé au mouvement jusqu’à présent. La bannière ci-dessous dit : « Ne jamais se rendre. »
Photo par KWBB de Tak Cheong Lane Collective.

« La gauche » est institutionnalisée et inopérante à Hong Kong. D’ordinaire, les « intellos » libéraux et les « citoyennistes » de droite ont le vent en poupe quand les manifestations éclatent, en particulier lorsqu’il est question de la Chine continentale. Dans la lutte contre le projet de loi sur l’extradition, la radicalisation progressive des tactiques de lutte a-t-elle rendu difficile la représentation ou la gestion de ce « mouvement » par ces factions ? La révolte a-t-elle dépassé ou réduit leur capacité à produire leurs discours ? Les événements du mois dernier annoncent-ils des développements similaires à l’avenir, ou s’agit-il déjà d’un thème diffus commun aux agitations populaires passées à Hong Kong ?

Nous pensons qu’il est primordial que tout le monde comprenne que ce qui s’est passé jusqu’à présent ne peut être précisément défini comme un « mouvement ». C’est beaucoup trop embryonnaire pour revêtir ce qualificatif. Ce que je veux dire c’est que la situation actuelle est loin de la soi-disant « Révolution des parapluies » qui conservait malgré tout la direction pacifiste et citoyenniste dictée par ses initiateurs (les intellectuels qui ont proclamé « Occupy Central with love and peace » un an à l’avance) bien qu’ils en aient rapidement perdu le contrôle. Aujourd’hui, il n’y a pas vraiment de discours qui guide les événements, pas de bases communes qui autoriseraient – ou légitimeraient – certaines formes d’action au profit d’autres pour entretenir une façade spectaculaire et exemplaire, photogénique pour les médias du monde entier.

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