JO/ Meuse : la tradition du relai de la flamme enfin reconnue

La flamme olympique passera par la Meuse le 29 juin prochain, précisément par la petite ville de Gondrecourt-le-Château, à quelques kilomètres de Bure et de son projet d’enfouissement des déchets nucléaires. Article publié sur Manif-est.info

On a dit beaucoup de mal des Jeux Olympiques – à juste titre – et ce depuis longtemps. C’était déjà de la merde à Londres et à Rio, à Albertville ou à Pékin, c’était déjà le lieu de l’exaltation des nationalismes à Berlin en 1936 et il y a fort à parier qu’on aurait même trouvé ça nul dans la Grèce antique. Pourtant, force est de constater que le Comité olympique n’est pas toujours dépourvu de bon sens et qu’il sait reconnaître, apprécier et valoriser les coutumes locales. Il en va ainsi de la venue prochaine de la Flamme olympique dans le sud du département de la Meuse.

Le 29 juin 2024, le « Relai de la flamme » traversera en effet nos verdoyantes campagnes. On pourrait légitimement se demander pourquoi. C’est vrai qu’un événement de moins d’une journée dont le coût (à la charge du département) excède le budget annuel du Conseil général pour le sport, ça peut sembler surprenant. Et puis quand on pense à la Meuse, on ne pense pas directement à l’athlétisme ou au lancer de javelot, encore moins au tennis ou au breakdance (oui, c’est un sport olympique désormais). Certes, la pédale de bicyclette a été inventée à Bar-le-Duc mais ça ne peut pas suffire pour labelliser tout ça « Terre de Jeux ».

Le relai, une discipline en vogue dans la Meuse

C’est qu’en réalité, ce ne sont pas les disciplines habituelles qui ont cours par ici mais le Relai de flamme en tant que tel. Cela fait quelques années, en effet, que des choses brûlent. Dans cette terre mystique, marquée par les apparitions de la Vierge à Jeanne d’Arc, le feu sacré se propage. Il apparaît, se nourrit de ce qu’il trouve et meurt avant de resurgir plus loin, plus vif encore. Il dévore un jour un forage de l’Andra, le lendemain une tour de mesures, plus loin une caserne en construction. Tout y passe : véhicules, installations diverses, pylônes électriques, gendarmeries… Le plus indomptable des quatre éléments rôde sur le plateau du Barrois, dans la vallée de la Saulx et jusqu’à Commercy où une voiture d’entreprise – bien mal employée semble-t-il – a été réduite en cendres l’hiver dernier.

Le voilà le véritable Relai meusien de la flamme ! Ce ne peut être que lui que le Comité Olympique veut mettre en valeur sans oser l’avouer publiquement. Et c’est une juste reconnaissance car il en faut du courage, de l’abnégation, du talent, de l’audace pour accomplir de telles prouesses, pour battre des records de rapidité ou de précision, dépasser ses peurs, esquiver les obstacles qui se dressent comme autant de haies sur le parcours nocturne des incendiaires anonymes. Autant de « valeurs de l’olympisme », cette philosophie universaliste qu’on avait crue pleines de bons sentiments (capitalistes et coloniaux).

On conviendra, dès lors, qu’il ne serait pas très fair-play de décevoir le Comité dans cette dernière ligne droite. Il reste donc sept mois pour se montrer dignes de cette célébration, et multiplier autant que possible les foyers de réjouissances jusqu’au bouquet final du 29 juin. Il paraît même que notre cher président a décrété l’activité physique et sportive Grande Cause Nationale de l’année 2024, c’est dire si nous n’avons plus le choix.

À vos marques, prêt·es, feu (à l’Andra), partez !

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Note

Pour en savoir plus sur les JO et tout le mal qu’il est possible d’en penser, il y a https://saccages2024.noblogs.org, site dont proviennent d’ailleurs les illustrations de cet article.

Mots-clefs : sabotage | nucléaire | Bure | JO 2024

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