Journal des luttes de l’Ouest #01

Un panorama détaillé des luttes en cours dans l’ouest. Publié le 2 septembre, mis à jour le 9 (sur Expansive)

Lors des week-ends de confluence des luttes, on profite de se croiser pour donner des nouvelles de ce qui se passe un peu partout. Des personnes présentes ces 26-27 juin 2020 au jardin des ronces ont décidé de lancer le journal des luttes pour garder une trace écrite de toutes ces nouvelles orales. Ainsi vous pourrez trouver dans ce premier journal des informations sur le village du peuple à Donges, la Zad de la dune, Zap la vague, la zad de Roybon et le squat la pigeonne.

La Confluence des luttes de l’ouest s’élargit : Le village du peuple de Donges

Après un we nantais de retrouvailles, un petit convoi s’est rendu en visite de soutien à La Petite Lande de Donges, au Village du peuple.

Dans ce lieu réquisitionné il y a plus d’une année, à la suite de l’Assemblée des assemblées à la maison du peuple Nazairienne, nous avons trouvé un accueil chaleureux plein de surprises.

Un écrin de verdure niché entre 9 sites seveso où une dizaine d’habitants résistent encore et toujours à l’envahisseur : une enième ZAC (zone d’aménagement concerté). Ici, iels essaient de préserver pas moins de 50 hectares abritant des zones humides, des menhirs, blockaus, arbres remarquables etc.

On y trouve une petite ferme pédagogique, un pressoir, un ancien four à pain, une grande maison collective et un lieu d’accueil pour les soutiens de passage.

La CARENE, (société privée) porte ce projet destructeur, un agrandissement des industries gigantesques déjà présentes sous le nom d’éco park. Donges est déjà une zone industrielle très polluante où le taux de cancers est nettement supérieur à la moyenne nationale. Il est urgent de s’opposer à ce rajout de vapeurs toxiques.

Les habitant.es invitent celles et ceux qui entendent préserver la vie et empêcher la bétonisation chaque mercredi à 18h pour les réunions ouvertes.

Iels souhaitent faire de cet endroit un lieu de vie et d’entraide, de production vivrière et d’accueil.

Ce 8 juillet, le tribunal d’instance de Saint-Nazaire a tranché et l’expulsion a été décidée pour octobre 2020. Préparons nous à les soutenir !

Tenez vous au courant via leur site internet : levillagedupeuple.noblogs.org

Le projet de surf park en suspens ?

Entre Nantes et Saint-Nazaire, à Saint-Père-en-Retz, des investisseurs ont le projet de construire un surf park à 10 km de l’océan depuis 2018.

Les chiffres font tourner la tête : piscine de 200m de long sur 85 de large, coût estimé à 15 millions d’euros, 400kWh de consommation énergétique soit l’équivalent en une heure de la consommation d’un foyer moyen en un mois, 50 000 m3 d’eau potable pour remplir le bassin, 9 hectares de terres agricoles bétonnisées, etc.

Face à l’absurdité écologique du projet, l’opposition s’est vite organisée. Le collectif ZAP la vague appelle en juillet 2019 à une semaine d’occupation. Les militant.es se retrouvent attaqué.es par des fachos sans que les gendarmes réagissent et doivent changer de lieu. Cela n’a pas empêché le collectif de rappeler à un week-end de convergence des luttes en Septembre 2019 qui inspirera les week-end de confluence des luttes du collectif Laisse Béton.

Après une semaine de chantiers organisée en octobre 2019, les opposant.es apprennent que le projet est repoussé d’un an : prévu initialement en 2020, il est repoussé alors en 2021. L’occupation n’est plus nécessaire et les modalités d’action changent. A Nantes, des marches pour le climat passent devant le cabinet d’un promoteur du projet en décembre et janvier.

Depuis, le Covid-19 est passé par là et le projet est repoussé à 2022 et les promoteurs se font discrets. Surtout après que le département et le préfet ont demandé des précisions sur un projet encore très flou. Le collectif nantais contre le surf park reste alerte en cas de nouvelles informations. N’hésitez pas à vous abonner à leur newsletter en envoyant un mail à zaplavague [at] protonmail.com.

Squat féministe à Strasbourg : la pigeonne

Mais on a pas dit que c’était les luttes de l’Ouest ? Strasbourg, on ne sait pas vraiment où c’est, certain.e.s la situent de l’autre côté du Rhin, cette frontière qui n’a rien de naturelle (spéciale dédicace aux biorégionalistes !). En fait non, c’est toujours dans ce qu’on appelle la France ou plutôt la fRance ! Peu importe, rien de tel que de créer des ponts géographiques et militants pour nous rendre encore plus fort.e.s ! C’est pourquoi des personnes du squat La Pigeonne de Strasbourg sont venues afin de nourrir les liens déjà existants entre nos luttes et de participer aux réflexions en cours.

A la Pigeonne, ce sont des femmes et personnes queers, féministes, précaires, exilées et marginalisées à plusieurs niveaux qui occupent un bâtiment délaissé depuis plusieurs années. Depuis le 27 février 2020, La Pigeonne est devenue un squat d’habitation et d’organisation en mixité choisie (sans hommes cisgenres, c’est-à-dire sans hommes dont le genre ressenti correspond au sexe assigné à sa naissance). En tant que femmes et personnes queers, nous sommes cibles de violences à la fois physiques, sexuelles, économiques, sociales et administratives. Nous subissons davantage la pauvreté et la précarité. Nous revendiquons notre droit inconditionnel à avoir un toit. Nous trouvons aberrant d’être à la rue, de manquer de soins ou de nourriture tandis que les possédants gaspillent et continuent de s’enrichir. La précarité n’a jamais été un choix pour personne. Elle est le résultat d’une volonté politique, organisée et réaffirmée des dominants pour entretenir une classe exploitable. Ni les institutions ni les patrons ne veulent notre autonomie. Au contraire ils participent quotidiennement à notre précarisation.

Dès lors, nos priorités sont de nous mettre à l’abri, de construire des solidarités entre nous, de dénoncer ensemble une société patriarcale et un système économique qui sacrifie les plus vulnérables. Pour une transformation sociale et l’émancipation de toutes les femmes et personnes queers, nous privilégions des initiatives faites par nous et pour nous.

Face à l’incompétence de l’État, la violence de ses institutions, et sa répression policière sexiste, queerphobe et raciste de plus en plus violente et systématique, nous nous organisons. Nous occupons l’espace qu’on nous refuse.

Sur les ZAD aussi, nous arrachons aux puissants des espaces qu’ils veulent s’approprier et détruire pour leur unique profit. Sur les ZAD et dans les squats, nous combattons concrètement le principe de propriété privée. Nous reprenons les richesses qu’on nous vole et qui sont nécessaires à notre survie. La vie collective et solidaire s’y organise dans une perspective d’autonomie.

Le capitalisme exploite les femmes et minorités de genre, les personnes racisées, les pauvres et la nature pour le profit de qui ? toujours les mêmes : des hommes cis blancs riches. Sur une ZAD, on lutte contre un projet d’aménagement ET son monde raciste, sexiste, homophobe, transphobe, classiste, validiste, spéciste... On constate néanmoins que même dans ces milieux, les oppressions de tous types perdurent. Les exemples ne manquent pas, des agressions au racisme ordinaire... On peut entendre que les femmes ne devraient pas ouvrir de squat ou participer aux actions et ça passe ! Un mec cis blanc peut prendre l’accent africain et ça passe ! Un mec cis blanc peut agresser une personne trans ou une femme et ça passe ! Sans parler de comportements beaucoup plus « ordinaires » comme ne pas participer aux tâches quotidiennes, prendre beaucoup la parole en réunion et ainsi invisibiliser d’autres personnes et leurs idées ou encore remettre la faute sur les personnes oppressées qui n’ont « qu’à prendre la place »... Beaucoup d’entre nous se disent anarchistes.

L’anarchisme c’est lutter contre tout rapport de domination en fait, c’est pas « juste » ni dieu ni maître. Autant conscientiser les rapports de domination qui se jouent quoiqu’il arrive même au sein de nos milieux et travailler à les combattre. « Pour avoir des privilèges, pas besoin de faire l’aumône, tu nais avec ou sans même si t’es anarcho-autonome » comme dirait le groupe de rap Mosca.

Parce que nous ne détruirons pas le capitalisme sans détruire le racisme, le classisme et le patriarcat, nous continuerons de travailler à créer des ponts entre nos luttes, à décortiquer tous les schémas d’oppression et à se battre contre eux, même si c’est parfois douloureux. L’avenir des luttes est dans la convergence.

Anti Capitalisme Anti Patriarcat
ACAB cependant
ZAD et squats partout

et encore :

  • Pierre prend des vacances, pas nos camarades !
  • Des nouvelles de la ZAD de la Dune au 30/07/2020

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