L’aberration de l’idéologie de la bagnole

Comment le capitalisme nous a rendu dépendants d’un mode de transport inefficace, polluant et absurde. Article de Contre-Attaque

« Ce qui est très important pour nous, Français, c’est qu’on est attachés à la bagnole. On aime la bagnole. Et moi je l’adore. » C’était la sortie de Macron dimanche 24 septembre au soir. Un élément de langage démagogue de la part d’un homme qui se déplace en taxi ou en jet privé, et qui essaie de parler comme les classes populaires.

À propos de la voiture comme sur tous les sujets, Macron n’est pas « moderne » et encore moins « innovant » : il appartient au monde d’avant. L’idéologie de la « bagnole », c’est les années 1950, les Trente Glorieuses, quand la France a copié les États-Unis et imposé la logique du tout voiture au détriment du train, du vélo, de la proximité…

La bagnole, c’est le moyen de transport le plus absurde qui soit. Vous pensiez qu’elle faisait « gagner du temps » ? Pas du tout ! Les Français qui ont des voitures perdent jusqu’à 30 minutes par semaine à trouver une place pour se garer. À l’échelle d’une année, cela représenterait 26 heures. Sur une vie, cela fait plus de 2 mois à tourner en rond pour trouver une place de bagnole !

Et cela sans compter les embouteillages. En 2016, une étude mesurait qu’un automobiliste parisien perdait 64 heures coincé dans les embouteillages par an, soit 11% de son temps en voiture. Sur chaque heure de voiture, 6 minutes sont perdues dans les bouchons, à brûler du carburant inutilement.

Selon l’Insee, plus de 60% des trajets entre domicile et travail de moins de 5 kilomètres se font en voiture en France. Sur ces trajets qui représentent la majorité des déplacements en voiture, il est plus rapide de se déplacer en vélo ou en transports en commun qu’en voiture.

En heure de pointe, pour des trajets courts d’un ou deux kilomètres, il est même plus rapide de marcher que de démarrer sa voiture, de traîner dans des bouchons à 5 kilomètres/heure et de chercher péniblement à se garer. En-dehors de quelques longs trajets, la voiture fait perdre du temps.

Le pire est que la plupart des trajets en voiture en ville se font seul. C’est un phénomène unique dans l’histoire de l’humanité : mettre en mouvement une machine qui pèse une tonne de métal et de verre pour transporter seulement un humain qui pèse entre 50 et 100 kilos. L’énergie dépensée sert donc à déplacer la carcasse de la voiture qui représente au moins 10 fois le poids du passager. Toute l’histoire des transports a cherché à optimiser l’énergie utilisée pour la charge déplacée. Pas pour la voiture. Dans quel autre domaine accepterait-on de brûler 90% des ressources inutilement ?

En France, entre 1960 et 2017, le poids moyen des bagnoles a augmenté de 62% et leur puissance a été multipliée par trois. Les SUV, 4×4 urbains qu’on voit désormais partout, consomment un quart de carburant en plus par kilomètre que les voitures de taille moyenne.

Comment en est-on arrivé là ? Toutes nos villes ont été profondément modifiées et défigurées par la voiture dans l’après guerre. Rien qu’à Paris, la moitié de l’espace public est occupée soit par la circulation automobile soit par les parkings publics. Alors que les déplacements motorisés particuliers ne représentent que 13% des déplacements des Parisiens. La voiture a pris toute la place, au détriment de parcs, de services de proximité, de logements…

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