La manifestation du 4 décembre tourne court (Nantes, place du Bouffay)

Au moins trois blessés, dont deux hospitalisés et deux arrestations

Suite à l’appel (du) collectif Nantes Révoltée, une manifestation contre l’État d’Urgence s’est tenue à Nantes, place du Bouffay, à partir de 18 heures, ce soir, 4 décembre 2015.
(...)Nous reproduisons leur communiqué, publié sur leur page Facebook :

" Le 13 novembre au soir, quelques heures après les attentats de Paris, le gouvernement décrète l’État d’Urgence sur tout le territoire. Les libertés sont « suspendues », et un pouvoir total est offert aux préfets. En France c’est une situation sans précédent depuis la guerre d’Algérie. Le gouvernement annonce immédiatement une batterie de mesures d’exception, notamment l’armement des policiers municipaux et l’interdiction de toutes les manifestations, une mesure que même Bush après le 11 septembre 2001 n’avait pas osé appliquer.

Les jours qui suivent, les policiers perquisitionnent, armes à la main en défonçant les portes, plusieurs milliers de foyers, de squats, de restaurants ou de mosquées. Dans l’écrasante majorité des cas, les perquisitions sont inutiles.

Fin novembre, l’inauguration de la COP21, sommet international pour le climat, est précédée par l’assignation à résidence de dizaines de personnes impliquée dans les luttes écologistes. Le 29 novembre, la manifestation organisée à Paris est encerclée et gazée. Plusieurs centaines de personnes sont arrêtées. Le gouvernement annonce désormais vouloir reconduire et « durcir » l’État d’Urgence, et multiplier les assignations à résidence.

Leur objectif est clair : écraser toute contestation, décourager toute possibilité de résistance. L’accélération vertigineuse du climat sécuritaire ne doit pas rester sans réaction ! "

(...)Lorsque nous sommes arrivés avec un camarade, à l’heure dite, il n’y avait qu’une poignée de personnes. Vers 18h10 la banderole, unique, (...) en tête du cortège, est apportée et déployée. On pouvait y lire en majuscules : NON A L’ETAT D’URGENCE. Passent deux ou trois motos de la police, qui ne s’arrêtent pas. Pas de présence policière visible. Plusieurs interventions au mégaphone eurent lieu, décrivant les motifs du rassemblement puis contextualisant le climat de répression, inédite dans sa systématisation à l’encontre des militant(e)s écologistes et décroissants, libertaires et anarchistes etc.

Peu après 18h45, nous nous retrouvions un peu moins de 200 manifestant(e)s, peut-être entre 150 et 175, et démarrions en direction de l’ouest, vers les rues piétonnes. (...)L’ambiance est bon enfant, mais empreinte de résolution : on est pas là pour rigoler (...) Il ne se passe guère plus de 10 minutes, non loin des rues piétonnes très fréquentées où se trouvent des cafés, bars et restaurants, (que va se) libérer la violence policière.

Selon un manifestant, des policiers municipaux tentent d’arrêter un homme. (...) Quelques membres du cortège tentent de l’extirper de leurs mains(...) Tout va alors très vite, en cinq minutes un manifestant est appréhendé par les policiers municipaux. E***, une femme d’âge mûr, tente de délivrer le garçon. Les municipaux la repoussent, elle tombe (...) à terre (et) reçoit des coups de matraque. La voiture des municipaux, prise à partie, aurait roulé sur l’homme qu’ils voulaient arrêter, qui pour le coup aurait été hospitalisé !

(...)Quelqu’un a crié peu après "Les CRS sont là !". La partie du cortège en avant des incidents a tenté de courir, mais on s’est vite arrêté. Nous gardons notre calme, marchons à rythme lent. Une envie de tousser nous prend, bien qu’à plusieurs dizaines de mètres de l’échauffourée. Plein de gens sont attablés en terrasses, mais celui qui a utilisé un pulvérisateur hautement concentré, un policier municipal, n’a eu cure d’intoxiquer aussi les (...) clients des commerces alentours !

(...)

Une des personnes tenant la banderole, une femme(...), a reçu un coup sur la tête par un membre de la BAC (...) Un coup de téléphone à un de ses proches, alors que nous sommes au Live Bar, nous informe, vers 21 heures, qu’elle est au CHU et a des points de suture à la tête. De plus, la BAC a saisi la banderole ! Un manifestant voudra croire que "c’est pour les traces d’ADN".

(...)La BAC a finalement procédé à deux arrestations de manifestants, (un des deux) encore en garde à vue vers 21 heures, et un autre, que je ne connais pas(...)

(...)

Une seconde manifestation contre l’État d’urgence a été prévue, en même temps que la date de la première était arrêtée. Elle se déroulera le samedi 12 décembre. Rassemblement place du Bouffay, à 15 heures.
Lien vers la page Nantes Révoltée :
https://www.facebook.com/events/956135711098944/

Thierry Kruger, petit reporter pour Citizen Nantes

Note

source : www.citizen-nantes.com

Mots-clefs : répression | police

À lire également...