Le désespoir antispéciste

Aujourd’hui, des militantEs de la cause animale se persuadent qu’il est possible de tout comparer pour justifier son militantisme, voire même se placer comme victimes souffrant de la « végéphobie » pour que nous, extérieur à elleux, convergions naturellement vers elleux. J’ai eu un gros coup de gueule et j’aimerais bien qu’on sache qu’ielles n’auront pas leur place parmi nous s’ielles ne remettent pas en question leur discours.

Beaucoup de militantEs s’interrogent sur comment fédérer un maximum de militantEs à la cause antispéciste (pas vegan [1]) en rendant toujours plus agressif leur discours de façon à faire culpabiliser et à choquer l’opinion publique.

Soit, c’est je pense une façon d’agir comme une autre du moment qu’on choisit les bons outils pour scander un message intelligible. Les cartes maîtresses sont alors les images à caractère violent, sans se soucier des personnes ultrasensibles à ce genre d’images, des prises de paroles froides et haineuses à l’encontre des travailleurSes de l’élevage et du forcing pendant les tractages.
Alors oui, le mouvement antispéciste a grossi depuis ces dernières années. Ce qui est dommage, c’est que le courant pro-animal dégage un parfum réformiste alarmant. D’un côté, les associations se disant apolitiques (L214, Vegan Impact, 269 life, CCE²A, etc.) … (ne pas rigoler) s’auto-éjectent de la partie par leur manque d’intérêt pour les questions discriminantes à l’égard d’individus humains ; d’un autre côté, des personnes choisissent de quitter cette logique « neutre » en rejoignant les InsoumisEs pour renforcer le côté vert (combien sont-ielles ? Hahaha vous ne voulez pas savoir croyez-moi) ; et encore un peu plus loin, mes préférés : le club des amalgameurSes. Comparer des luttes qui ne peuvent pas être comparées, créer des oppressions pour spéculer le concours du buzz et parler à la place des oppriméEs.

Ce qui me passionne en ce moment, c’est cette partie du mouvement. Car bien qu’il y ait une légère brise gauchiste dans l’air, on est encore dans le mouv’ de la réflexion.
Pour l’instant, on a des blocages d’abattoirs, des débats sur le lien entre « veganisme » et « anarchisme », les classiques happenings chocs, et récemment, des vitrines de bouchers brisées (oui on le sait, vous vous attaquez aux compagnies suisses du marché de la viande mais là c’est Thibo le boucher qui s’en prend plein la tronche et qui a déjà du mal à terminer ses fins de mois comme beaucoup de petitEs commerçantEs).

Toutes ces actions sont ce qu’on pourrait appeler des actions non-violentes dans l’ensemble et c’est bien normal de prendre (de reprendre) ses marques dans le mouvement anarchiste.

Par contre, comparer l’oppression des humainEs et des bovins, l’esclavage des humainEs raciséEs aux élevages (de masse), les centres d’expérimentations et les abattoirs à Auschwitz, ironiser sur le fait qu’un sanglier à autant de cervelle qu’un (je cite) « malade mental profond », c’est vraiment nier les différents contextes de ces oppressions en retirant le côté haineux et patriarcal et en piochant dans ce qui fait le plus mal pour persuader de la bonne entreprise qu’est la cause antispéciste (je ne dis pas vegan parce que le veganisme n’a rien à voir avec ça).
Et qui plus est, c’est hyper insultant intellectuellement pour les personnes extérieurs aux luttes ET pour les militantEs. Comme si la lutte n’était pas assez importante pour en plus bullshiter avec des comparaisons qui n’ont aucun rapport entre elles. Comme s’il fallait leur tendre la perche de la prise de conscience. Cette lutte se suffit très bien à elle-même pour qu’on y adhère.
Alors je veux bien vous croire dépriméEs par la situation présente, l’état de la planète et la réelle souffrance des non-humainEs.
Me considérant veganE, je trouve ça également révoltant, mais ne pas considérer le fait que des personnes non-blanches hommes-cis neuro typiques puissent être blessées et choquées par ces arguments nuls, c’est masquer le réel vécu des oppriméEs systémiques.

Rappel : le veganisme, c’est le rejet de toutes dominations entre espèces/individus et la condamnation de toutes les oppressions. Donc l’Anarchisme primitiviste. A la différence de l’antispécisme qui rejette la notion d’espèce sociologiquement comme des féministes qui rejettent la notion de sexe sociologiquement comme catégorie oppressante pour les individus.

Notes

[1Je suis désoléE de faire mal à votre petit cœur, mais je préfère largement les humainEs (certainEs) aux non-humainEs pour la simple raison que je peux échanger et projeter avec elleux. Il y a des espèces, on est toustes spécistes et ça ne changera pas pour beaucoup de personnes, veganEs ou pas, puisqu’on se reconnait en tant qu’humainEs entre nous. Ce n’est pas la peine de pondre vos tracts et conférences qui mélangent tout et n’importe quoi, ça ne marche pas.

Mots-clefs : antispécisme

À lire également...