Manif sauvage contre la COP21, le capitalisme et l’état d’urgence

Quelques centaines de personnes se sont rassemblées à Belleville à l’appel de l’assemblée Anticop21, le 12 décembre 2015. Vers 17h20, autour d’une batucada, le cortège s’ébranle bd de la Villette. De nombreux manifestants se masquent le visage et sont vêtus de noir. Les slogans reflètent la diversité internationale de la foule. Le plus repris : « a, anti, anticapitalista ». Des slogans fusent aussi contre la mascarade de la COP21, en souvenir de Rémi Fraisse, et contre la police.

Un panneau électoral sert de mur d’expression à des anarchistes qui dénoncent le système électoral et l’appel au vote à la veille d’une élection. Sortis des bombes de peintures, plusieurs messages apparaissent sur les murs qui entourent la masse humaine.

Le cortège tourne à gauche dans la rue de Sambre-et-Meuse où une banque subit une attaque sous les applaudissements : le distributeur de billets est mis hors d’usage, et une caméra de vidéosurveillance, détachée de son support, pend au-dessus du vide.

Plusieurs habitants du quartier sympathisent avec les manifestants qui sèment la pagaille dans le bruit et au milieu des poubelles renversées pour ralentir la progression des véhicules de police. Le cortège tourne de nouveau à gauche sur l’avenue Claude Vellefaux. Une agence immobilière voit un « non aux expulsions » décorer sa vitrine.

La police arrive pour bloquer les issues de la manifestation sur l’avenue. Par la rue Saint-Maur et par l’avenue Parmentier, des colonnes de véhicules arrivent et déposent leurs cargaisons de CI (Compagnie d’Intervention) déjà en tenue anti-émeute. Les policiers en civils sont plusieurs dizaines.

La manifestation prend la seule route ouverte, celle qui traverse l’enceinte de l’hôpital Saint-Louis. La préfecture signalera d’abord à la presse qu’aucun incident ne fut à déplorer lors de ce passage.

De l’autre côté, la manif prend la rue de l’Hôpital Saint-Louis avant d’arriver quai de Jemmapes, sur le bord du canal Saint-Martin.

Une ligne de gendarmes mobiles bloque le quai au croisement avec la rue des Ecluses Saint-Martin. Quelques automobiles luxueuses sont endommagées, des poubelles renversées et des barricades rapidement érigées à l’aide de barrières de chantier.

Bloqués sur le quai, talonnés par la police, les manifestants refluent en toute hâte vers le prochain pont qui permet de sortir de l’encerclement : celui qui fait l’angle, dans le virage du canal avant la ligne droite vers Stalingrad : la passerelle Bichat.

A l’arrivée, une course s’engage avec les policiers qui remontent le quai et cherchent à bloquer le passage vers la passerelle. Une bonne partie de la manifestation réussit à franchir la passerelle. Mais plusieurs manifestants sont stoppés et matraqués, dont un sérieusement, à la nuque, alors qu’il était encerclé par les policiers.

Quelques objets lancés ralentissent la progression des policiers en civils qui crient « projectiles » avant de sortir la matraque, si ce n’était pas déjà fait. Après avoir coupé en deux la manif, les policiers n’hésitent pas à décharger leur gaz poivre sur les manifestants situés sur la passerelle mais également sur ceux qui tentent d’escalader la passerelle dont l’accès par l’escalier est désormais bloqué.

Une nasse se forme autour de ceux qui restent bloqués sur le quai. Certains profitent d’un moment de flottement des policiers pour escalader la barrière qui mène à l’écluse.

Dans le quartier, des dizaines de véhicules de police circulent gyrophares et syrènes allumées. Quelques passant croient même qu’il s’agit d’une attaque terroriste vu la taille du disposif policier. Les policiers répondent qu’il y a des « casseurs ». France Info reprendra le même terme pour qualifier les manifestants.

Par la suite, des policiers en civil accompagneront des groupes issus de la nasse vers Stalingrad. Les manifestants seront tous relâchés.

Bilan de la préfecture dans Le Parisien :

« Zéro garde à vue ! Pas de cocktail Molotov sur les forces de l’ordre ! Pas de casseurs ! Pas de blessés ! »

« une dizaine d’interpellations : un fumeur de joint en possession de cannabis, un homme avec un couteau dans sa poche et dix vérifications d’identité mais zéro garde à vue »

« En termes de dégradations, un distributeur de billets rue Sainte-Marthe (Xe) a été vandalisé. Une barrière de l’hôpital Saint-Louis (Xe) a cédé lors d’une bousculade. »

Mots-clefs : COP21
Localisation : Paris 10e

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