Pour désamorcer les polémiques du 1er mai : du sang neuf et un nuage de poudre

Le seul constat que j’aimerais tirer de la manif du premier mai c’est celui de la taille et de la diversité du mouvement anarchiste.

Une partie de mon cœur saigne à gauche, et prend feu à droite. Je ne connais pas les haines ancestrales et je sais que je ne voudrais pas revoir de tels déchirements.

Sont-ce des querelles pour discuter du choix des armes et des tactiques ? Le débat est de savoir ce que signifie action directe pour chacun d’entre nous, qu’il ait une carte ou pas. Si l’on s’en tenait aux théories politiques, ces oppositions auraient elles lieu d’être ? Si on en est à discuter les stratégies, n’oublions-nous pas le constat positif d’en être à cette étape ?

Si dans les actions nous avons pu nous opposer, rappelons que nous ne devrions pas, quelque soit le poids des « traditions » se foutre sur la gueule. Bien sur, nous pouvons énumérer ce qui nous sépare. Et nous n’énumérons que trop rarement ce qui nous relie. J’aimerais tant entendre plus souvent parler de ce qui nous relie et le nombre que nous sommes à le partager plutôt que ce qui nous sépare. C’est de notre unité que nous trouverons une force, pas de nos éternelles énumérations conflictuelles.
Rappelons nous la haine des hiérarchies, des injustices, des dominations, rappelons nous que nous voulons la liberté, l’autogestion, la solidarité et ce quel qu’en soit le prix pour certains d’entre nous.

Notre puissance insurrectionnelle - voire révolutionnaire - ne viendra jamais de nos divisions mais de notre unité. C’est parce que nous saurons prendre ce qu’il y a de bon à chaque mode d’action que nous pourrons abattre le monde de merde qui nous entoure. Si le chemin qui mène à cette destruction est déjà la porte du monde nouveau que nous voulons, la communication entre les groupes est la base que je voudrais porter. Puisque nous voulons fonctionner dans une harmonie relative, sans hiérarchie et sur une base locale, nous devons pouvoir communiquer entre les groupes, entre les tactiques, entre les envies et être solidaires.

Le syndicalisme révolutionnaire n’a jamais séparé le politique du travail, le but reste d’abolir le monde qui nous entoure par la gréve générale. La grève générale, qui a pour moyen de bloquer l’économie et de se réapproprier les modes de production en vue de modifier radicalement l’ordre qui nous gouverne.
Ce n’est pas un coup de feu solitaire qui changera nos vies mais c’est ce coup de feu à l’instant insurrectionnel et sa capacité à être lié à des discussions, assemblées populaires qui bouleversera les rapports. L’un va avec l’autre. Au fond on ne peut séparer les questions d’autonomie ouvrière et de syndicalisme révolutionnaire comme on se joue souvent à le faire.

Réjouissons nous au contraire de la diversité du mouvement anarchiste et plutôt que de s’entre accabler. C’est sa grandeur : nous ne serons jamais centralisé autour d’une opinion unique, nous serons différents, mais ne soyons pas divisés. Imaginons notre puissance si nous étions capable de communiquer entre nous sur les envies, les tactiques, le choix des armes et du bon moment de les employer. Plus que de l’imaginer, nous pouvons le faire. Nous pouvons trouver un lieu assez grand, pour se découvrir, se présenter, échanger et se battre peut être, au moins nous aurons essayé un instant de communication direct. Nous pouvons trouver le consensus et reprendre les envies d’actions unitaires. Parce que vous avez beau invoquer une longue tradition de guerre, la mémoire rappelle aussi à de beaux moments d’unité.

Nous portons un monde nouveau dans nos cœurs, gardons le sang et la poudre pour le fonder.

À tous les anarchistes, vive la sociale.

Mots-clefs : 1er mai
Localisation : Paris