Tout le monde déteste la répression policière

De la nécessite d’une position radicale sans ambiguïté sur la répression policière pour donner une chance au mouvement.

Depuis le début du mouvement contre la loi travail et son monde, débuté il y a plus de deux mois, les mobilisations sont passées par plusieurs étapes. Si c’est avec un appel de personnalités du web autour du hashtag #onvautmieuxqueça et une pétition, qui est aujourd’hui à plus 1 300 000 signatures, que le mouvement à commencé ; c’est la jeunesse qui a pris la suite du mouvement, étudiant-e-s et lycéen-ne-s ont occupé leurs lieux d’étude, organisé des AG et des comités de mobilisation. En parallèle les syndicats ont appelés à plusieurs journées de grèves perlées. Depuis l’utilisation du 49.3 par le gouvernement, la mobilisation prend aujourd’hui une autre ampleur. Les raffineries, les postiers, les transports, les précaires et les intermittent-e-s du spectacle et de plus en plus de secteurs stratégiques refusent ce dénis de démocratie. Le mouvement ne semble pas, pour le moment prêt à s’arrêter, les syndicats de la SNCF ayant déposé un préavis du grève reconductible à partir du mardi 31 mai, à Paris la RATP devrait entrer dans le mouvement à partir du jeudi 3, le traffic aérien lui sera perturbé tout le week-end. La journée du 14 une manifestation nationale devrait réunir des manifestant-e-s de toute la France à Paris

Cependant, le mouvement est encore largement dominé par les bureaucraties syndicales, et pourrait s’arrêter assez rapidement, Martinez a, par exemple, déclaré : « Si Hollande dit OK on discute, les grèves peuvent s’arrêter lundi ». Il est donc nécessaire de chercher à les dépasser, en comptant à la fois sur les bases, syndiquées ou non, les jeunes, les chômeur-se-s, les quartiers populaires et tout ceux et celles qui ont une raison de se battre. C’est seulement en comptant sur l’auto-organisation des masses motivées et déterminées toujours plus nombreuses que le mouvement contre la loi travail pourra faire reculer le gouvernement. Alors, et seulement si cette victoire n’est pas imputable uniquement aux hiérarchies syndicales, les masses pourront continuer dans leur lancée et, pour la première fois depuis des années, imposer, par le rapport de force, des nouvelles revendications. Pour la première fois depuis trop longtemps, la perspective de ne plus seulement se défendre contre les attaques de la bourgeoisie, mais de l’attaquer frontalement semble pouvoir s’ouvrir.

Face à cette perspective, le gouvernement et les médias traditionnels se sont livrés, main dans la main, à une véritable criminalisation du mouvement social. Quid de la mise en examen de quatre militants pour tentative d’homicide après l’incendie d’une voiture de police ? Quid des interdictions de manifester ? Quid de l’arrestation de 19 personnes pour association de malfaiteurs, ils avaient voulu rendre inutilisables les bornes d’accès du métro de Rennes à l’aide d’autocollants et de mousses ? Quid de la présence policière démesurée à chaque manifestation, toujours accompagnée de violences, jeudi c’est un journaliste qui a été blessé par une grenade de désencerclement, et qui est actuellement dans le coma. Quid des commentaires toujours plus nombreux des médias sur la prise d’otage de la CGT, et de la distinction entre « bon-ne-s manifestant-e-s » et « casseur-se-s » ? Le but de ses attaques physiques, judiciaires et médiatiques n’ont qu’un seul objectif : faire peur. Faire peur aux manifestants en leurs faisant comprendre qu’il ne sont plus en sécurité s’ils s’opposent à cette loi, ce gouvernement, ce système.

Face au constat de la répression, il faut que l’ensemble des groupes politiques qui se battent actuellement aient une attitude sans ambiguïté. Il faut condamner sans distinction toutes les formes de violences policières, en diffuser les images et les témoignages au maximum par tout le moyens à notre disposition. Refuser de condamner les « casseurs » quelque puissent être nos différences de stratégies politiques. Se former mutuellement pour se protéger en manifestation. Enfin il est indispensable de créer des caisses de soutiens à toutes les personnes interpellées, il faut que chaque manifestant-e que l’état bourgeois cherche à faire taire puisse pouvoir se défendre. Construisons une gauche radicale, quelque soit nos différences, capable de ne pas laisser un-e seul-e inculpé-e sans moyens de battre pour sa liberté. C’est une condition indispensable pour espérer que les quartiers populaires se joignent à la lutte.

Le mouvement en est encore à son début, nous n’avons encore rien obtenu, et si nous voulons qu’il dépasse ses contradictions réformistes nous devrons aller toujours plus loin dans la confrontation, la grève, le blocage et la massification. Nous ne connaissons actuellement que les prémices de ce que pourrait être une répression généralisée face à un mouvement, qui part son nombre, mettrait en péril la sécurité de l’État. Nous ne pouvons espérer une baisse de la répression si nous désirons son extension. La répression évolue parallèlement à la massification et la radicalisation du mouvement. Nous devons nous organiser dès maintenant pour faire face à cette menace.

Nous chantons depuis plusieurs mois, à chaque manifestation « tout le monde déteste la police », il s’agit maintenant de la défaire. Construisons le mouvement par des liens de solidarité entre les différentes tendances radicales qui y participent. Sans nier nos différences, mais par des actions effectives et une défense commune.

Mots-clefs : répression

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