Contre les violences policières, Solidaires ne veut rien lâcher !

Hier se tenait au local de l’Union Syndicale Solidaires une conférence de presse sur les violences policières qui ont une fois de plus émaillé une manifestation contre la « loi travail » et abouti à une blessure grave du côté des manifestants.

Laurent Théron, secrétaire médical à l’APHP et syndiqué à SUD santé sociaux a perdu l’usage d’un oeil. Trois interventions se sont succédées à la tribune composée de l’avocat de Laurent, Julien Pignon, du porte-parole de l’Union syndicale Solidaires, Eric Beynel, et de Nicolas Guez pour la Fédération SUD Santé Sociaux. Ce dernier s’est exprimé sur l’état de santé de Laurent . Hospitalisé dans l’attente d’une seconde opération de chirurgie reconstructrice, il a définitivement perdu l’usage de son œil suite à l’éclatement du globe oculaire, il demeure cependant combatif et a fait le choix en toute conscience de répondre aux sollicitations des médias pour que de tels faits ne puissent plus se reproduire. Nicolas Guez a également détaillé les informations dont dispose le syndicat pour étayer l’hypothèse d’une bavure policière. Celle-ci ne fait plus guère de doute. Des vidéos et photographies prises sur les lieux par des journalistes indépendants ou des militants ont été diffusées. Elles donnent clairement à penser que Laurent a été victime d’un tir de grenade envoyée à la volée dans un groupe qui ne présentait pas la moindre menace pour les forces de l’ordre. Il a également indiqué qu’une trentaine de témoignages ont pu être collectés grâce à l’appel à témoins lancé par le syndicat qui a aussi mobilisé un réseau de journalistes indépendants. Des personnes présentes sur les lieux autour de Laurent, qui ne se connaissent pas et semblent toutes abonder dans le même sens : l’endroit où se trouvait Laurent était calme, il n’y avait pas de groupe formalisé, pas de situation conflictuelle, pas d’invectives, aucun appel à dispersion, pas de sommation : l’intervention des policiers qui ont lancé une charge est totalement disproportionnée.

Julien Pignon a donné des précisions concernant la procédure judiciaire qui va s’engager désormais. Une plainte a été déposée par Laurent lors de son audition par l’IGPN. Une dizaine de personnes sont actuellement en cours d’audition par la police des polices. La section AC4 du parquet du TGI de Paris a ordonné une enquête pour le chef d’accusation de violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entrainé une mutilation ou une infirmité permanente, une infraction criminelle particulièrement grave et rare. L’avocat a insisté sur la nécessité de demander au plus vite la désignation d’un juge d’instruction. Il a dénoncé au vu des éléments en sa possession un usage disproportionné de la force et une utilisation irrégulière du matériel de répression de la police. Julien Pignon s’est aussi indigné du temps d’intervention des secours qui semblent avoir mis plus d’une heure à prendre en charge Laurent. Selon lui « les forces de l’ordre n’ont visiblement pas agi avec l’urgence nécessaire, alors qu’une blessure à la tête peut se révéler mortelle ». Il faudra déterminer dans le cadre de l’enquête si les policiers ont failli à leur obligation de signaler sans délai l’accident et si tout a été mis en œuvre pour une intervention rapide des secours. Une blessure à la tête doit être considérée comme une urgence vitale et Laurent aurait dû en tout état de cause être exfiltré de la place dans des délais bien plus brefs. D’autant que de nombreux hôpitaux et casernes de pompiers se trouvent à proximité directe de la Place de la République.

Eric Beynel s’est exprimé quant à lui sur le contexte politique de cette répression et a indiqué son intention de formaliser une saisine du Défenseur des Droits. Depuis le début du mouvement les provocations policières, et des consignes dangereuses ont provoqué de nombreux blessés. Chaque manifestation dans tous points de France a fait l’objet semaines après semaines d’atteintes graves à la liberté de manifester. Nasses, fouilles, intimidations, jets nombreux de grenades lacrymogènes ou de désencerclement, proximité immédiate et imposée des forces de l’ordre au contact des cortèges, autant d’éléments à charge pour décrire la stratégie de tension du pouvoir en place. Une nouvelle doctrine du maintien de l’ordre que dénonce également Nicolas Guez qui décrit une stratégie mise en œuvre depuis de nombreux mois et que l’on a pu voir à l’œuvre précédemment lors des interventions de répression policière à Notre-Dame-des-Landes ou sur la ZAD du Testet qui a abouti à la mort de Rémi Fraisse.

Laurent, toujours hospitalisé a tenu à apporter de sa chambre d’hôpital un chaleureux message de remerciement aux camarades syndiqués qui lui ont apporté leur soutien. « Merci les amis, merci pour tout. Je suis si petit mais grâce à vous tous, tous les sudistes, à Solidaires, à la CGT, à tous ceux qui s’organisent, nous faisons et réaliserons quelque chose de grand. J’espère que ces grenades ne seront plus jamais utilisées. J’espère que la loi travail sera supprimée ». Nous ne pouvons que l’espérer de notre côté autant que nous resterons déterminés à ce que justice soit faite.

Aurélie Edet

Lu sur le Facebook du journal "Le progrès social"

Mots-clefs : violences policières

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